Avec mon frère, nous avons une « exploitation » de 250 ha de type céréalières (blé, colza , maïs, orges) et  légumineuses (sojas, fèveroles…). Historiquement (avant les années 70/80), elle était de type polycultures/ élevage avec une dominante prairies, la « révolution » verte est passée par là…

Aujourd’hui, nous avons entamé une transition (pour l’instant, partielle) d’environ 20ha, soit un peu moins de 10%,  vers l’agriculture biologique (sans intégration ou de réintégration d’élevage). Ma démarche pour les oiseaux (et en particulier pour les rapaces) est initialement personnelle (au-delà de l’aspect technique ou de la ferme).

Puis avec le temps et la prise de conscience, les connaissances…, je me suis aperçu que cette passion était indirectement nourrie ou influencée par le contexte (le milieu, les champs, les bâtiments… et les méthodes de cultures…). Donc l’installation des nichoirs et piquets à rapaces, est à la fois un moyen d’observation (donc pour le plaisir) puis un moyen, un outil, qui consiste à améliorer ou à compenser des éléments qui ont disparu avec le temps (arbres, haies, vieux bâtiments…). Toutefois, Il est à noter que le paysage local a été relativement épargné par les années successives. Il y subsiste encore chez nous, bon nombre de pâtures, vieux bâtiments, petit bois, tas de pierres … il y a un certain équilibre entre tous ces éléments… Ceci dit, ce n’est pas une excuse ou un prétexte pour ne rien faire.

En effet, avec l’émergence des « nouvelles » techniques de cultures (pas si nouvelles que ça dans les faits) de types « simplifiées », de non labour , semis direct… d’agriculteurs voisins, nous avons pu observer une certaine augmentation (souvent ponctuelle) des petits mammifères (souris, mulots, surmulots…). Personnellement, nous sommes encore (au regard de ce qui se fait ailleurs) dans un système « traditionnel » où l’on travaille les sols (labour presque systématique) donc nous sommes relativement épargnés par le problème des rongeurs.

Je dispose les piquets mobiles  ou perchoirs à rapaces aux pourtours des parcelles de mes voisins qui sont en non labour… parfois ils les déplacent au sein même de leurs  parcelles au grès des « ronds de souris ». Oui, on peut dire que cela marche sans être toutefois « La solution » mais c’est un vrai plus + …aussi minime soit-il.

Pour ce qui est des nichoirs à chouettes effraie, nous en avons installé 2 (il y a presque 10 ans) dans un bâtiment de notre ferme (de part et d’autre de celui-ci). A l’époque,  je n’étais pas certain de la bonne exposition ou de l’installation de l’un d’eux… donc au bénéfice du doute, j’en avais installé 2 (la raison aussi pourquoi nous les avons installés, était que nous ne voulions plus que la chouette (à l’époque on pensait qu’elle était seule !) aille salir tout le grenier) donc il fallait « compenser » cette interdiction… Finalement elles utilisent indifféremment les 2 nichoirs, soit pour la retraite diurne soit pour les couvées. Tous les ans, nous avons au moins une nichée (voire 2) de chouettes, avec en moyenne, 2 a 5 chouettes. Ce n’est qu’une estimation, car je restreints au maximum la visite des nichoirs pendant ces périodes. Il est à noter que dans un des nichoirs, un couple vient de « prendre ses quartiers » ces dernières semaines pour la nouvelle saison 2019.

Aussi, nous avons installé il y a 8 ans, un troisième nichoir dans une autre ferme à environ 2 km de chez nous, sans être persuadé que celui-ci serait également occupé du fait de la proximité. A notre grande surprise, il l’est aussi (la photo est de ce nichoir) .

La prochaine étape (pour l’année prochaine peut-être) serait d’installer des mini caméras… mais lesquelles ?

Pour ce qui est du nichoir à faucons crécelles… il n’a toujours pas été utilisé. A ce sujet, j’ai de grosses inquiétudes quant à cette espèce… car je ne vois plus l’ombre de l’un de ces rapaces dans toute ma région depuis cet hiver.  Je fais partie d’un Civam (Civam de l’oasis) où on l’on mène des réflexions sur la durabilité de notre agriculture. J’ai fait cette démarche de témoigner afin de partager mes observations et mes aménagements.

SCEA de la Verdonnelle, agriculteurs dans la Marne.