Témoignage de Renaud Daumas, maraicher au sein du GAEC d’Artias à Retournac (Haute-Loire) concernant un travail de diagnostic écologique réalisé en lien avec la LPO

 Après avoir accueilli Melvin (Stagiaire en formation de BTS GPN) en 2019 et organisé des 24h naturalistes sur notre ferme et autres visites de terrain d’écovolontaires pour recueillir des connaissances, nous avons eu la chance de recevoir Loïc (Stagiaire en formation de BTS GPN) en 2020 et ainsi poursuivre le diagnostic de la valeur écologique de notre espace et proposer les mesures de gestion adéquates pour l’améliorer encore.

Au sein du GAEC d’Artias, Bruno Viennois et Renaud Daumas, maraîchers bio et sous mention Nature & Progrès, souhaitent inscrire leur activité de production légumière dans le cadre des programmes LPO « Des Terres et des Ailes » et « Paysans de Nature ».

L’exploitation est une ferme maraîchère de 3,3 hectares de cultures (2,6 ha de légumes, 5000 m2 de jeune verger sur prairie naturelle et 1500 m2 de serres), sur 11 ha de terrains (9000 m2 de prairie temporaire, 1,8 ha de prairie permanente + forêts, landes, berges et affleurements rocheux…) située sur la commune de Retournac dans le département de la Haute-Loire. Elle borde les gorges de la Loire et se situe au pied du château d’Artias.

Haies et murets composent le paysage, les rochers et pierriers d’Artias et Périllade sont tout proche, fossés, prairies humides, bassins, bords de Loire apportent aussi leurs particularités d’espèces…

Loïc a pu réaliser un certain nombre d’inventaires : des amphibiens présents sur les zones humides et aux alentours, des reptiles par la pose et le relevé de plaques, des oiseaux  en utilisant un protocole type EPOC afin de pouvoir reproduire la démarche ultérieurement, et enrichir le jeu de données existants, d’une partie de l’entomofaune  dont papillons de jours, de nuit et odonates, mais aussi floristiques pour les prairies par la méthode proposée par le Conservatoire botanique du Massif central, couplant agronomie et écologie.

Il a pu faire un état des lieux des habitats favorables à la biodiversité (réseau de haies, mares, murets, arbres isolés, tas de bois ou pierre, prairies naturelles, humides, bandes enherbées, friches…) et identifier les espèces à enjeux (Sonneur à ventre jaune, Lézard des souches, Cuivré des marais, Grand-duc d’Europe, Torcol fourmilier, Huppe fasciée, Moineaux friquets, Alouette lulu, Chevalier guignette, Pie-grièche écorcheur, Bruant jaune, Tarier pâtre…) qui utilisent le site aussi bien pour se nourrir que se reproduire.

Cet état des lieux a pour but d’aider le GAEC d’Artias à orienter ses pratiques afin qu’elles soient le plus en phase possible avec l’écosystème dans lequel il s’intègre, et à favoriser les espèces qui en ont le plus besoin.

Loïc a aussi synthétisé les données collectées par rendu cartographique (SIG) et rédiger un rapport synthétique concluant sur un programme d’actions sur 7 ans.

Dès janvier 2021, avec les paysans, une nouvelle stagiaire, a commencé à mettre en œuvre les premières actions du programme : entretenir et aménager d’autres mares et fossés, débroussailler des prairies, compléter la mise en place de nichoirs, tailler des arbres en trognes, continuer la création de micro-habitats de type tas de pierre et tas de bois…

La parole à Loic Lépinard, stagiaire au printemps 2020 au sein du GAEC d’Artias

J’ai passé 8 semaines en tant que stagiaire naturaliste au GAEC d’Artias, accompagné dans ce travail par Renaud Daumas, Sébastien Nottellet et de nombreux bénévoles naturalistes, qui par leur enthousiasme, leur engagement et leurs connaissances m’ont permis de réaliser un travail de diagnostic pertinent pour le GAEC. Chacun avec sa spécialité a pu m’initier à l’identification des espèces des différents taxons auxquels nous souhaitions nous intéresser. Les discussions ont été riches à propos de la biologie des nombreuses espèces rencontrées, ou encore de la manière de les favoriser. Huit semaines très denses donc, au cœur d’une équipe motivée et entrainante qui se mobilise pour des actes concrets et efficaces en faveur d’une cohabitation inclusive pour la biodiversité. C’est aujourd’hui un vrai plaisir de savoir que la mise en place des préconisations de cette étude a déjà démarré !

Une autre étape a été franchie le jeudi 28 octobre 2021 par la présentation et la visite du GAEC, afin de montrer à d’autres agriculteurs et au grand public les principaux résultats du diagnostic réalisé ainsi que les aménagements qui peuvent être réalisés par le monde paysan pour contribuer à préserver la biodiversité.

Propos recueillis par Sébastien Nottelet de la LPO AURA – DT Haute-Loire