Les vignes et vergers traditionnels

Vers des vergers et des vignes plus verts

Vergers et vignes étaient autrefois des cultures d’une richesse biologique remarquable. Des fleurs devenues rares aujourd’hui, comme les tulipes et les anémones sauvages, en étaient caractéristiques. La faune n’était pas en reste. Est-il possible de retrouver cette palette de couleur ?

La culture de la vigne et des arbres fruitiers est particulièrement ancienne. Durant des millénaires, des plantes et des animaux y ont trouvé des conditions favorables à leur développement. L’émergence de la chimie agricole a bouleversé cet équilibre et a fait disparaître bon nombre d’espèces affiliées à ces pratiques culturales. Un petit effort permettrait de sauver les dernières espèces qui y vivent…

Beethoven au fond du pré

Parmi les espèces les plus remarquables des vergers et des vignes figurent les Bruants. Le chant mélancolique du Bruant ortolan et du Bruant jaune aurait inspiré à Beethoven les célébrissimes notes d’ouverture “pom-pom-pom-POM” de sa cinquième symphonie. Largement répandu autrefois, le Bruant ortolan est devenu très rare en France et en Europe. C’était l’oiseau typique des vignes traditionnelles, où étaient régulièrement plantés quelques fruitiers et en marge desquels on trouvait quelques mètres carrés d’herbes, délaissés et où l’oiseau pouvait nicher.

Fête de linotte

Ce carré d’herbes folles, ce petit coin de ronces où les mûres sont si bonnes, voilà ce qui manque aujourd’hui pour retrouver un peu de vie dans les vignobles. Un simple roncier de 5 m2 peut par exemple héberger jusqu’à une dizaine de Linottes mélodieuses nicheuses. Ce beau passereau à poitrine rosée, banal il y a quelques décennies encore, est aujourd’hui inscrit sur la liste rouge des oiseaux menacés de France. Il apprécie les vignes du fait de la présence de nombreuses plantes annuelles dont il mange les graines et capture des milliers d’insectes dans les pampres de la vigne pour nourrir ses petits.

Logement contre nourriture

Les vieux vergers sont souvent riches en arbres tortueux et creux. Ces arbres sont précieux pour la faune, et notamment pour les oiseaux et les chauves-souris, car ils vont héberger de nombreuses espèces insectivores. Un partenariat se met alors en place : je te loge mais tu me débarrasses des insectes qui rongent mon écorce, attaquent mes feuilles et grignotent mes fruits. Ainsi, le maintien de vieux arbres creux ou l’installation de nichoirs permettra aux mésanges d’y établir leur nid. Une fois les oisillons éclos, le couple de mésange devra glaner plus de 8000 chenilles pour rassasier les appétits voraces de sa nichée.

Panne de moteur dans les cerisiers

Les espèces les plus fréquentes dans ce type de milieux sont
les Mésanges bleue et charbonnière. On retrouve ici aussi le
Rougequeue à front blanc, qui niche aussi dans le trou des
murs. Mais l’une des plus remarquables est le Torcol
fourmilier. Cet oiseau migrateur au couleur d’écorce est de la
famille des pics. Il ne fore pas lui-même sa loge mais s’installe
volontiers dans celle du Pic vert, son lointain cousin. Si le
Torcol est difficile à observer tant il est camouflé, il proclame
sa présence par un chant particulièrement sonore. C’est un bruit de démarreur, d’un moteur qui refuse de se lancer.

Le maintien de ces espèces d’oiseaux insectivores est l’assurance qu’une partie des ravageurs du verger seront consommés. Tordeuses des bourgeons, Carpocapse du pommier, tordeuse de la pelure ou encore Anthonome du pommier seront autant de gourmandises pour le petit peuple à plume.